Le vaginisme est un trouble qui touche de nombreuses personnes, souvent en silence, et pourtant il mérite toute notre attention. C’est un mécanisme complexe où les muscles du plancher pelvien se contractent involontairement, rendant la pénétration difficile voire impossible. Ce trouble peut être vécu comme une véritable épreuve, mais il existe des solutions pour mieux comprendre ce qui se passe et reprendre confiance en soi.
Dans cet article, nous allons explorer le vaginisme avec bienveillance et pédagogie, en vous donnant des clés concrètes pour avancer vers la guérison. Rassurez-vous, il ne s’agit pas d’un chemin impossible, mais bien d’un parcours qui demande patience, douceur et écoute de son corps.
Qu’est-ce que le Vaginisme ?
Le vaginisme, c’est une contraction involontaire des muscles du plancher pelvien au moment où une pénétration est envisagée. Cela peut se produire lors de rapports sexuels, mais aussi lorsqu’on tente d’insérer un tampon ou lors d'un examen gynécologique. Les muscles, au lieu de se détendre pour permettre l’introduction, se contractent de manière réflexe, rendant toute tentative douloureuse, voire impossible.
Il existe deux formes principales de vaginisme :
Le vaginisme généralisé : il est présent dans toutes les situations impliquant une tentative de pénétration.
Le vaginisme situationnel : il survient uniquement dans certaines circonstances (par exemple, avec certains partenaires ou lors des rapports sexuels, mais pas lors d’un examen médical).
Le vaginisme peut également être total (rien ne peut être introduit) ou partiel (la pénétration est parfois possible, mais accompagnée de douleurs) mais il n’existe pas de petit ou de grand vaginisme, termes qui serait réducteur pour les patient.e.s qui en souffrent. Il est essentiel de comprendre que ce phénomène est inconscient et involontaire. Ce n’est ni un manque de volonté, ni un problème psychologique insurmontable. Aux vues de la diversité des situations et des ressentis, il convient de parler DES vaginismes et non pas DU vaginisme pour refléter au mieux les différents ressentis.
Les Causes Des Vaginismes
Les causes du vaginisme peuvent être multiples et souvent complexes. Ce trouble peut avoir des origines à la fois physiques et psychologiques. Sur le plan physique, il peut découler de douleurs lors de rapports sexuels antérieurs, d'infections vaginales récurrentes, de traumatismes liés à des interventions médicales, ou même de certaines malformations anatomiques (utérus rétroversé, hymen scléreux…). Côté psychologique, le vaginisme est fréquemment lié à des expériences de stress, d’anxiété, de peur, ou à des traumatismes sexuels passés. Des croyances limitantes sur la sexualité, une éducation stricte ou un manque d'éducation sur le corps peuvent également jouer un rôle. Dans bien des cas, ces différentes causes s’entremêlent et renforcent un cercle vicieux : la douleur initiale crée de l’appréhension, laquelle amplifie la peur de la douleur future, réduisant le désir et favorisant de nouvelles tensions lors des tentatives de pénétration.
L’identification des causes est essentielle, non pas pour culpabiliser, mais pour mieux cibler les approches thérapeutiques adaptées, qu’elles soient physiques, émotionnelles ou relationnelles. C’est ici que l’accompagnement par un·e sexologue ou un·e thérapeute spécialisé·e peut être précieux pour explorer ces facteurs et travailler sur des solutions concrètes.
Le Cercle Vicieux de la Douleur
Le vaginisme fonctionne souvent en cercle vicieux : à la douleur initiale s’ajoutent des émotions négatives telles que la frustration ou le sentiment d’échec, qui entraînent une appréhension croissante lors des tentatives suivantes. Cette appréhension ne fait qu’amplifier la contraction musculaire, augmentant la douleur, et ainsi de suite.
Ce cercle peut affecter la sexualité, mais aussi l’estime de soi et la relation de couple. De nombreuses personnes se retrouvent à éviter toute situation potentiellement douloureuse, ce qui peut entraîner une baisse du désir. C’est un schéma qui peut sembler difficile à briser, mais il existe des stratégies efficaces pour en sortir.
Le Plancher Pelvien : Un Acteur Clé
Le plancher pelvien joue un rôle fondamental dans ce mécanisme. Ce groupe de muscles soutient vos organes pelviens et contrôle l’ouverture vaginale. Dans le cas du vaginisme, ces muscles se contractent de manière excessive et incontrôlée, rendant la pénétration difficile voire impossible.
Si vous souffrez de vaginisme, le but n’est pas de renforcer ces muscles, mais bien d’apprendre à les détendre. Beaucoup de personnes pensent instinctivement aux exercices de Kegel (qui renforcent le plancher pelvien), mais ils ne sont pas recommandés dans ce cas. Au contraire, il faut apprendre à relâcher ces muscles sursollicités.
Focus sur les Auto-Massages du Périnée
Les auto-massages du périnée sont une technique douce et efficace pour apprendre à détendre ces muscles. Cela peut sembler un peu intimidant au début, mais avec de la patience et de la régularité, ces massages permettent de redonner de la souplesse au périnée et d’apaiser les contractions involontaires.
Le tips de la sexologue
Comment Pratiquer l’Auto-Massage du Périnée ?
Choisissez un moment calme, dans un endroit où vous vous sentez en sécurité et détendu·e.
Utilisez une huile douce (onagre, huile d’amande douce…) du lubrifiant à base d’eau, ou tout autre produit adapté au soin vulvaire (baume, gel, etc.) pour faciliter le massage.
Avec des mains propres et des ongles courts, appliquez une légère pression sur la zone externe du périnée (entre l’anus et la vulve).
Faites des mouvements circulaires doux, en respirant profondément. Vous pouvez aussi masser la zone autour des grandes lèvres pour détendre les tissus.
Prenez votre temps, écoutez votre corps. Si vous ressentez de l’inconfort, arrêtez et reprenez plus tard.
À réaliser autant de fois que tu le souhaites !
Ces massages réguliers aident non seulement à détendre le périnée, mais aussi à se reconnecter à cette zone de manière positive, sans douleur. Cela vous permet de reprendre progressivement confiance en votre corps.
Les Dilatateurs Vaginaux
Les dilatateurs vaginaux sont souvent utilisés dans le cadre d’une prise en charge du vaginisme, et ils peuvent jouer un rôle important dans le processus de rééducation. Ces outils, disponibles en différents diamètres, permettent de progressivement habituer les muscles du vagin à la pénétration en douceur, tout en réduisant la peur et l’appréhension associées. Ils sont conçus pour être insérés délicatement, dans un environnement calme, sans pression de temps ni d’objectif de performance.
L’utilisation des dilatateurs se fait en complément d’un accompagnement thérapeutique, avec l’aide d’un·e kinésithérapeute spécialisé·e, d’une sage-femme, ou sous la supervision d’un·e sexologue. L’objectif est d’y aller pas à pas, en respectant son rythme et ses sensations. En parallèle, des techniques de respiration et des exercices d’auto-massage du périnée peuvent être intégrés pour détendre les muscles et favoriser la relaxation.
Les dilatateurs sont un excellent outil pour reprendre confiance en son corps, mais il est essentiel de les utiliser avec patience et bienveillance, en les intégrant dans un cadre plus large de soins. N’oublions pas que l’objectif n’est pas de forcer, mais de rééduquer et de réconcilier progressivement son corps avec la pénétration.
La Respiration : Un Outil de Détente Puissant
Apprendre à détendre son plancher pelvien passe aussi par une bonne maîtrise de la respiration. La respiration abdominale est particulièrement efficace pour activer le système parasympathique, qui est responsable de la relaxation.
Exercice de Respiration Abdominale
Installez-vous dans une position confortable, allongé·e ou assis·e.
Placez une main sur votre ventre et l’autre sur votre poitrine.
Inspirez lentement par le nez, en gonflant votre ventre (la poitrine reste immobile).
Expirez doucement par la bouche, en relâchant toutes les tensions, y compris dans la zone du périnée.
Répétez cet exercice plusieurs fois, en vous concentrant sur la détente de votre corps.
Cette respiration peut être pratiquée à tout moment, surtout lorsque vous ressentez de l’appréhension ou des tensions. Elle permet de créer un espace de calme dans le corps et de diminuer les contractions involontaires des muscles.
Les Étirements Doux Inspirés du Yoga
En complément des auto-massages et des exercices de respiration, les étirements doux inspirés du yoga sont une autre méthode pour détendre le plancher pelvien et favoriser la relaxation. Deux postures simples et efficaces sont la posture de l’enfant et celle du bébé heureux.
Posture de l’Enfant
Mettez-vous à genoux, les fesses posées sur les talons.
Allongez votre buste vers l’avant, bras tendus, en relâchant la tête au sol.
Respirez profondément et laissez votre bassin se détendre dans cette position.
Posture du Bébé Heureux
Allongez-vous sur le dos, genoux pliés vers la poitrine.
Attrapez vos pieds avec vos mains et balancez doucement de gauche à droite.
Cette position étire doucement la région pelvienne et favorise la détente.
Pratiquer ces étirements régulièrement aide à libérer les tensions musculaires et à retrouver une plus grande souplesse dans le corps.
Quand Consulter un·e Professionnel·le ?
Même si ces techniques peuvent vous aider à gérer le vaginisme au quotidien, il est important de consulter un·e professionnel·le pour un accompagnement personnalisé. Une première consultation avec un·e gynécologue peut permettre de poser un diagnostic précis, et des séances de rééducation avec un·e kiné, une sage-femme ou un·e sexologue peuvent apporter un soutien précieux.
Les approches complémentaires, telles que l’hypnose, l’EMDR, ou la sophrologie, peuvent également jouer un rôle clé dans la prise en charge du vaginisme, en aidant à apaiser les éventuels blocages émotionnels qui y sont associés.
En Conclusion
Le vaginisme, bien que douloureux et souvent source de frustration, n’est pas une fatalité. Avec des techniques douces comme l’auto-massage, la respiration abdominale et les étirements, il est possible de sortir progressivement du cercle vicieux de la douleur. Il est important de se rappeler que chaque corps est unique, et que la guérison demande du temps et de la patience.
Si vous ressentez le besoin d’un accompagnement plus spécifique, n’hésitez pas à consulter un·e sexologue qui saura vous guider dans ce processus de guérison. Ensemble, vous pourrez avancer vers une sexualité plus épanouie et sans douleur. L’idéal est de travailler en pluridisciplinarité pour assurer une prise en charge globale.
Pour approfondir le sujet, je vous recommande vivement la lecture de Vaginismes : comprendre, se soigner, s’épanouir d’Angela Bonnaud, ainsi que du livre Périnée, arrêtez le massacre, qui aide à déconstruire les idées reçues et à adopter les bons gestes pour prendre soin de son périnée au quotidien. Ces ouvrages offrent des témoignages et des conseils précieux pour mieux comprendre et surmonter le vaginisme.
Je vous invite également à découvrir le programme Gère ta douleur de l’association Vulvae, conçu spécifiquement pour les personnes souffrant de vaginisme ou de vulvodynie. Ce programme de trois mois vous aide à établir une routine de soin personnalisée et vous accompagne dans le soulagement de vos douleurs.
Enfin, l’association Périnée Bien Aimé propose des ressources éducatives riches sur le périnée, disponibles sur leur site et leurs réseaux sociaux. Vous y trouverez également un annuaire de praticien·nes formé·es à la prise en charge du vaginisme et des douleurs pelviennes. Vulvae met également à disposition un annuaire de praticien·nes bienveillant·es et qualifié·es pour un accompagnement efficace. Ces ressources sont d’excellents points de départ pour vous informer et prendre soin de votre santé intime en toute bienveillance. Les Clés de Vénus, association de patientes ayant pour but d'informer sur les douleurs sexuelles et d'aider les femmes en souffrant.
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